Je serai à Hérimoncourt, à la salle du cercle, le 18 mai 2025, toute la journée, avec les Plumes Comtoises, pour rencontrer les lecteurs et leur présenter mes livres. L'occasion d'une pause littéraire et printanière dans un cadre et un esprit conviviaux.
Tu sors des radars.
Rayé des listes, biffé du regard.
L'on pourrait dire que c'est un poids en moins. L'on pourrait. C'est un poids en plus. Le poids du rien. Le poids du vide. Il t'entraîne vers des abimes dont tu sens que tu ne les quitteras plus. Combien d'efforts pour seulement raser les murs ?
Tu tombes. Tu n'as pas fini de tomber. Pourtant, tu creuses toujours.
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Je note ces mots de Cendrars : « Je ne trempe pas ma plume dans un encrier, mais dans la vie. Écrire, ce n’est pas vivre. C’est peut-être se survivre. Mais rien n’est moins garanti. En tout cas, la vie courante et neuf fois sur dix, écrire… c’est peut-être abdiquer. J’ai dit. » J’ai sans doute abdiqué. J’ai jeté un œil sur une brève bio de Cendrars. J’ai été un peu déçu. J’imaginais une existence plus aventureuse. Baroudeur, sans doute, mais disons qu’il avait quelques cartes au départ… Il écrit sa légende. Avec quelques rodomontades. Il avait, néanmoins et indéniablement, le talent de la rencontre, dans laquelle il puisait son carburant, la source de son inspiration.
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Je lis L’homme foudroyé de Blaise Cendrars. Blaise Cendrars avec lequel j’ai en commun les initiales, BC. Et l’écriture. Ce n’est pas rien, l’écriture. L’essentiel. Mais c’est tout ! Il est l’écrivain-monde, l’écrivain voyageur dont la vie extraordinaire est le matériau. À l’opposé de ce que je suis. Bigger than life, dit-on. Loin de moi… Les deux extrémités tendus d’un fil littéraire. Il faudrait que je fasse le compte de mes propres expériences. Cela ne devrait pas me demander trop d’efforts.
Il écrit ça : « Écrire est une vue de l’esprit. C’est un travail ingrat qui mène à la solitude. On apprend cela à ses dépens et aujourd’hui je le remarque. Aujourd’hui, je n’ai que faire d’un paysage, j’en ai trop vu ! Le monde est ma représentation. L’humanité vit dans la fiction. C’est pourquoi un conquérant veut toujours transformer le visage du monde à son image. Aujourd’hui, je voile même les miroirs. Tout le restant est littérature. On n’écrit que « soi ». C’est peut-être immoral. Je vis penché sur moi-même. Je suis l’Autre. »
Ça, il l’écrit au moment où il est en plein travail et non en train de parcourir le monde et de brûler son existence par tous les bouts. Et je m’y retrouve. Je partage ces mots même si j’échangerai le mot conquérant avec celui d’écrivain, même si pour ma part je n’ai pas vu assez de paysages. À la table de travail, on se rejoint.
J’ai vu Old Boy de Park Chan-Wook. Un film prodigieux. C’est en Asie que le cinéma se fait, ces dernières années. C’est en Asie qu’il est vivant, audacieux, inventif et qu’il suscite l’enthousiasme. Une vague asiatique. Et ce n’est pas un hasard si les deux dernières palmes d’or sont asiatiques, japonaise et coréenne. Avec des films magistraux et aussi différents l’un de l’autre, que ma petite existence peut l’être de celle de Cendrars. Oui une vague asiatique, même si l’on trouve ailleurs des singularités. Et même s’il faut aussi compter avec le trio mexicain, Inarritu, Del Toro, Cuaron.
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J’ai lu les derniers recueils de deux autrices que je côtoie sur le net, Annick Demouzon et Fabienne Botto. Des autrices dont j’ai déjà pu apprécier le travail. De très bons recueils, portés par des écritures bien différentes mais sûres. Et marquées par le deuil et la mort. C’est curieux. Un thème également exploité par Joël Hamm, récemment, au sein de son recueil à propos duquel j’ai écrit un bref article. À moins que ce soit moi qui y soit sensible… Il y a des sujets, comme ça, qui se déclinent particulièrement à certaines périodes. L’air du temps ? Une tournure d’esprit ?
Je regarde des films. La période est propice. Des lacunes à combler. Une manière de me ressourcer, aussi. J’ai vu Babel, hier, d’Inarritu. Puissant et inspirant. Un tour de force narratif. Tout en fluidité.
Je ne parviens toujours pas à écrire la moindre ligne (en dehors des quelques-unes que je jette sur ces pages) mais je sens que ça remue en moi, que ça me travaille. Je me suis levé, il y a deux jours, dans la nuit, pour inscrire trois quatre mots informes sur l’un de mes cahiers de notes. Dans la perspective du projet proposé par Patrick L’Ecolier sur le thème de l’errance. Trois quatre mots en guise de rampe de lancement. À laisser mûrir.
Je crois qu’en fait, il faudrait simplement que je m’y mette. Je n’en ai pas encore l’énergie. Ni la motivation. J’attends le déclic. Le moment où cela deviendra inéluctable. Incontournable.
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Une idée passe. Un déclic. Des perspectives s'ouvrent. Un vague horizon se profile. Il s'agit de le garder en ligne de réflexion. Qu'il ne se brouille pas. Qu'il ne finisse pas par se dissiper. Alimenter la vision, la nourrir. Il n'est pas temps d'écrire mais de se documenter, de lire, d'écouter, de regarder. De noter. Accumuler des notes dont il sortira bien quelque chose. Dont la plupart s'avèreront inutiles. Des notes, juste des notes. Il n'est pas temps d'écrire.
Sauf à écrire à côté. Pour rien. Comme on s'entraîne. Comme on fait ses gammes. Aligner des mots et des phrases sans arrière-pensées. Juste s'entretenir. Une discipline. Tandis que le travail des profondeurs opère. Que l'œuvre se concrète à notre insu. Consciemment. Inconsciemment. L'on sent que ça remue à l'intérieur.
Un jour, il faudra y aller. Se lancer. Se jeter dans la bataille. Exhumer le travail des profondeurs. Lui donner forme.
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Où l’on me dit que mon texte est bon, que je suis un vrai écrivain mais que l’on ne retiendra pas mon roman. Que penser après ça ? Une manière habile de se défausser ? Flatter l’ego de l’auteur tout en le renvoyant à son néant ? Je ne m’étendrai pas là-dessus. De toutes façons, je n’ai pas l’esprit à. Occupé à de toutes autres activités, ménagères et matérielles.
Les enfants partent. Nous les rejoindrons à la fin du mois, chez mes parents, puis irons ensemble à la montagne. Randos dans le Mercantour. Trois jours prévus en itinérance dans la vallée des merveilles. La coupure. La meilleure méthode pour se laver le cerveau. Se ressourcer…
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Patrick L’Ecolier, l’éditeur de Zonaires, m’a contacté, entre autres auteurs, pour participer au nouveau collectif qu’il prépare et dont la thématique porte sur l’errance, sujet sur lequel j’ai déjà beaucoup écrit, notamment à travers mes histoires sur les clandestins. Je lui ai donné mon accord de principe même si je ne sais pas trop si je parviendrai à en remettre une couche sur le sujet et à me renouveler un peu.
Sinon, pas grand chose. Toujours en période de travaux et de branle-bas dans l’appartement. Des conditions qui ne me permettent pas de travailler correctement.
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Retour instantané d’une éditrice à laquelle j’ai fait une proposition par mail, hier, et refus de sa part. Elle est allée visiter mon blog qu’elle a qualifié de drôle et de charmant, en déplorant que cela n’entre pas dans sa ligne éditoriale ? ! ! Je ne sais même pas si elle a jeté un œil au roman, roman qui n’a pas grand rapport avec mon blog… J’ai un peu de mal à suivre la logique de tout ça.
Au moins a-t-elle répondu et de cela je lui suis gré.
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Des fois je suis tenté de céder
Aux travers de l'époque
Sans nuance vilipender
Conspuer insulter à bloc
Lancer des anathèmes
À la face des gros cons
Et devenir moi-même
Un gros con.