• Ma rencontre avec Xavier Dupont de Ligonnès

    Ma rencontre avec Xavier Dupont de Ligonnès

    L’arbitre a sifflé la mi-temps. Je remonte les gradins avec mon fils, puis descends les escaliers jusqu’au pied du stade. En quête d’un morceau de malbouffe, parce que ça fait partie du plaisir. Je repère un stand comme il faut, me hâte vers, avant qu’il y ait trop de monde devant. Le fiston opte pour un kebab. Vu la tête du kebab, je me contente d’un simple cornet de frites.
    — Un kebab et deux frites, s’il vous plaît.
    — Avec ça ?
    Je me tourne vers mon compagnon de virée.
    — Tu veux boire quelque chose ?
    Tant qu’on y est, on ne va pas se priver. Il m’indique son choix. Je le répercute.
    — Un Orangina et une pression.
    L’employé s’exécute. Ramasse à la pelle la garniture qu’il verse dans le pain. Il s’affaire ; je l’observe. Le gars me rappelle quelqu’un. Son visage ne m’est pas inconnu. Tandis qu’il puise dans son bac à frites la quantité requise pour le remplissage des cornets, je sonde ma mémoire. Quand ai-je parlé à ce type ? Je lui souris. Peut-être m’a-t-il reconnu, lui ? Je donne le change ; je ne veux pas le laisser croire que je ne l’ai pas remis.
    — Ça va ? Vous avez du monde, là ! apprécié-je, en désignant le public qui se presse dans les allées.
    — Mgrgmmphoui…
    Il n’est pas dupe. Il voit bien que j’ignore à qui je m’adresse. Il me tend ma commande. Gêné, je la lui règle.
    — Merci ! Bon courage.
    On s’en va. Je me retourne, hésitant. Il croise mon regard. Un rictus raidit sa bouche. Je l’ai vexé.
    Nous remontons à nos places. Je réfléchis encore au bonhomme, recense ses identités possibles, les circonstances qui nous auraient amenés à nous rencontrer. Mon fils engloutit son kebab.
    — C’est bon ?
    — Mmouais, ça va.
    — Je peux goûter.
    De mauvaise grâce, il me tend son dîner. Je mords dedans.
    — Mmouais, bof.
    La mixture est assez infecte. Heureusement, le fiston n’a pas l’air de s’en formaliser ! Je le lui laisse, me contente de mes frites et de ma bière. Le match reprend. Pris par l’enjeu, notre équipe en mauvaise posture, j’oublie le marchand.

    La soirée se solde par une défaite. Nous quittons le stade. En partant, je jette un œil vers le stand. Il n’y est plus. Le gars a déjà fermé boutique. Mon fils a suivi mon regard. Il me dit :
    — Tu trouves pas que le vendeur ressemblait à Xavier Dupont de Ligonnès.
    Dupont de Ligonnès ! ! ! Je songe au kebab, aux frites.
    — Ça va ? Tu digères ?

     


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