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Par Pilgrim. le 16 Avril 2019 à 14:00
J'avais 16 ou 17 ans quand j'ai écrit ce texte. Des années, avec d'autres avant, d'autres après, où je sillonnais, le plus souvent solitaire, les rues de Paris. De la porte de Choisy, où j'habitais, jusqu'aux Halles et Beaubourg en passant par le quartier latin, où j'étudiais. Mon territoire, balisé par les salles obscures que je hantais et qui m'ont fait découvrir le monde, les salles Action, le Champo, L'Escurial, le Reflet Médicis, le Hauteufeuille, le Galande où, pendant des années, l'on a diffusé Brazil et où se tenait (se tient toujours) la grand messe du Rocky Horror Picture Show, et toutes les autres salles, celles des Gobelins, d'Odéon ou des Halles. Mon territoire avec ses points d'ancrage qu'étaient la Contrescarpe, le Luco, les quais et le Vert-Galant, le boulmich ou L'odéon, et les libraires, les disquaires où je traînais, les cafés où l'on se rejoignait et Notre Dame pour phare, à la vue de laquelle, à chaque fois, je me sentais pousser des ailes.
J'avais 16 ou 17 ans, quand j'ai écrit ce texte un peu bancal, emphatique et sentimental, maladroit et ponctué de clichés, néanmoins sincère ; un texte intégré dans un recueil qui depuis dort dans un carton, avec tant d'autres qui l'ont rejoint. Et il y a un peu de cet adolescent, qui est parti en fumée avec Notre Dame. Consumé. Une petite mort.J'avais 16 ou 17 ans quand j'ai écrit ce texte, que j'exhume et restitue tel quel :
Ballade
J'ai fait l'amour sur un toit de Paris avec mon ombre,
Alors qu'un nuage indiscret s'étalait autour de moi.
J'arrêtai le temps pour le chevaucher et m'élançai dans la pénombre.
Je planai, abandonné dans tes possessifs bras,
Ma Dame, qui ont étreint jusqu'au plus laid des hommes.
Prostituée respectable, tu t'es offerte à Quasimodo,
Et aujourd'hui, c'est à moi, éperdu, que tu te donnes.
Je dansai entre les jambes encourageantes du Pont Neuf,
Attiré par les improbables silhouettes que dessinaient les belvédères
Et me jetai dans la Seine, où échoué sur une invisible nef,
Je fus porté vers l'ange qui me frôla de son aile légère.
Je volai au-dessus de la République au regard triste
Et me sentis coupable, coupable de ses détresses ;
Je pleurai et elle posa sur les miennes ses lèvres discrètes.
Mes larmes rejoignirent celles, intarissables, des Champs-Élysées
Et je me laissai conduire par les flots jusqu'à l'Arc
Dont le triomphe faisait pâlir l'obélisque exilé.
Je redécouvris le fascinant et imposant tombeau face au parc
Et le surpris à regretter son allure terrifiante,
Tandis que les rues m'encourageaient de leurs sourires
À les pénétrer, à entrer dans leur insatiable ventre.
J'appréciai le corps frémissant de la rue de Mouffetard,
Me délectai jusqu'à l'ivresse de la sensuelle rue de Buci
Et connus la jouissance avec Saint-Andre-Des-Arts.
Enfin, j'offris mon corps, répandis mon sang, rue Saint-Denis,
Abandonnai mon âme repue sur les toits de Montmartre
Et je mourus pour devenir Paris.
3 commentaires -
Par Pilgrim. le 5 Mars 2019 à 10:30
Et d'aucuns pensèrent qu'au pied du mur tombé l'histoire s'était dissoute dans les notes de Rostropovitch et disséminée en pluie de cailloux dans les poches d'enfants gâtés qui les exhiberaient comme des trophées sur leurs étagères.
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Par Pilgrim. le 10 Novembre 2018 à 10:30
Belgique, Het-Sas. Août 1917 (collection Pascal Lamy)
26 avril 1915 ; Het-Sas, Belgique. La date ; le lieu.
28 ans. L'âge.
Charles Dutartre. Le nom.Après Ypres et les premiers gaz mortels,
L'enfant de l'assistance, un trou rouge à la poitrine,
Près de l'écluse, tomba.
Il laissa Louise et deux orphelins ;
Ma grand-mère n'avait pas deux ans.La terre vola tant en cette zone d'Yser
Que rien de la sépulture du zouave ne subsista.Restèrent les médailles et des mots :
« Zouave de 1ère classe, plein d'allant et de zèle. Tombé glorieusement au champ d'honneur le 27 avril 1915, au canal de l'Yser en se portant à l'attaque avec sa vaillance accoutumée. Médaille militaire, Croix de guerre avec étoile de bronze. »
Et un trait sur la date.
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Par Pilgrim. le 26 Mai 2018 à 10:30
L'a mis son p'tit costard, papa,
Son p'tit costard pelliculé
L'a d'la shit dans les idéesDes étreintes des empoignades
Le dos les épaules la nuque
La main du gars qui rime avecTouch my money body partner
Plante un poignard fin de partie.
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Trois_Mousquetaires/Texte_entier
page 461
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Par Pilgrim. le 22 Mars 2018 à 10:30
En thermidor, la terreur chut.
Au fond du panier les derniers fruits mûrs,
Cerises caboches leurs noyaux cabossés
Les queues figées dans une liqueur écarlate.Coquelicots éphémères, fauchés
Fol échafaud la foule vengeresseCocarde au cœur la bave au cou.
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