• Avant, la plupart des éditeurs répondaient. C'était avant. La lettre circulaire, la ligne éditoriale à laquelle on ne correspondait jamais, les encouragements ou les souhaits de meilleure pêche ailleurs. La lettre impersonnelle qui ne mangeait pas de pain mais qu'ils se donnaient quand même la peine d'envoyer et qu'on recevait le moral en berne, contre laquelle on pestait... Aujourd'hui, en dehors des grosses usines à papier : fini ! Quelques irréductibles se font encore un point d'honneur à envoyer un petit signe de reconnaissance ; force est de constater qu'un nombre grandissant se dispense du geste. Pas le temps, pas les moyens. Même pas le petit mail banalisé gratos, simple accusé réception. Comme quoi, de l'autre côté de l'écran, il y a quelqu'un. Rien. Bernique. Nous voilà réduits à néant. 

    Faut dire que les auteurs sont des emmerdeurs. Font chier à transmettre leurs manuscrits aux éditeurs et à encombrer leurs boîtes à lettres ! 

    La réponse n'arrive jamais


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  • Je gratte l'encre plein ongles ; sur le papier des écailles noires soufflées par le cri de son cœur,
    petit ange.
    Le mot en miettes vernies, minuscules plumes lustrées par mon regret,
    volette,
    dessine sur le carreau une trace éclatée du secret.
    Chute.

     

    Poussière d'encre


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  • Là, choses et curiosités se côtoient, se succèdent, s'annulent et disparaissent. Les attractions vivantes ont leurs tréteaux et Tom Pouce fait son numéro. Les animaux dans leur cage, les poissons dans les aquariums, tournent en rond entre les pièces de taxidermie et les statues de cire. Les chimères empaillées comme la sirène des Fidji, mi-singe mi-poisson, répondent aux peintures naturalistes ou extraordinaires. Images édifiantes, costumes, automates, appareils et j'en passe, tout à l'angle de Broadway, réduit en cendres et en fuites échevelées à travers les étages de l'immeuble américain en feu. Le Musée Barnum flambe par deux fois, se dissout dans le ciel new-yorkais. Restent les ruines, les fantômes et les rêves de Phineas Taylor Barnum. Le temps est venu du Greatest Show on Earth !

    Le Phénix de Broadway

     


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  • La ville où l'on n'arrive jamais, pourrait être le sous-titre de ce roman obsédant et obsessionnel. L'auteur, Quentin Leclerc, reprend les codes des jeux vidéos (comme il le revendique lui-même dans la présentation de l'ouvrage) et embarque le lecteur dans le ressassement d'une même partie où chaque variation de trajectoire induira une modification du scénario et où le vacillement du protagoniste (ou du lecteur) provoquera son renvoi à la case départ, le village en l’occurrence, lieu monstre et protéiforme, duquel on ne parvient à s'échapper. Il s'agit de rejoindre la ville alors que la ville fond, quête qui vire à l'absurde, désespérée et vouée à l'échec quand le monde se désagrège, qu'à chaque tentative des pans du décor se dissolvent comme dans ce film de Kiyoshi Kurosawa, Real, où le délitement progressif du monde représente celui, strate par strate, du subconscient du héros. C'est un peu comme si Vladimir et Estragon¹ attendaient Godot sur La route, comme si Samuel Beckett endossait l'univers et le costume de Cormac McCarthy. Et ça fonctionne ! Cela fonctionne tellement bien que l'empreinte du livre sur le lecteur est profonde et que persistent, longtemps après l'avoir refermé, les images mentales suscitées. Un road trip très réussi !

    La ville fond de Quentin Leclerc, aux Editions de l'Ogre.

    ¹Personnages d'En attendant Godot, de S. Beckett


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  • Des anthologies, chez JFE

    Depuis 2011 que j'ai la chance d'être publié par la maison Jacques Flament, j'ai eu le plaisir, en plus de mes trois ouvrages personnels, de voir plusieurs de mes textes intégrés au sein de projets collectifs orchestrés par l'éditeur. Des projets à chaque fois différents et passionnants qui offrent la possibilité d'aborder des thématiques vers lesquelles on n'irait pas naturellement, d'explorer des formes variées d'écriture. Des exercices littéraires toujours jubilatoires, qui incitent à sortir de sa zone de confort – l'occasion d'ouvrir des portes et des perspectives – et qui débouchent sur des œuvres originales. Les livres obtenus étonnent par la richesse des univers et des propositions qui s'y confrontent, s'y répondent et s'éclairent les unes les autres. Il émane de leur lecture un sentiment de foisonnement et une énergie qui témoignent du dynamisme et de la qualité de la création littéraire contemporaine.

    Voici ici une liste chronologique des ouvrages collectifs des éditions Jacques Flament auxquels j'ai participé et qui sont toujours disponibles à la vente :
    Leitmotive, opus 2 (2011)
    Leitmotive, opus 3 (2012)
    Agenda 2014 (2013)
    L'ennui (2016)
    La folie (2016)
    L'instant fugace I (2017)
    Sans oublier Double Mixte (2016) les coffrets de cartes postales littéraires, mais indisponibles aujourd'hui, et en attendant, si tout va bien, les Carrés poétiques.


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  • Rencontres à Belfort, les 20 et 24 janvier 2018J'aurai le grand plaisir d'échanger avec les lecteurs de la bibliothèque de Belfort (bibliothèque Léon Deubel - Forum des 4 As, Belfort) le samedi 20 janvier à 14h30.
    Voir le programme de la bibliothèque, ici !

    J'irai, quelques jours après, le 24 janvier à 14h, à la rencontre du public de la maison d'arrêt de Belfort et de sa bibliothèque.
    Edit : la rencontre à la maison d'arrêt a été reportée au 28 mars 2018.

    Deux très bons moments en perspective où nous parlerons de mes différentes publications (livres, collectifs, revues) et de leur genèse, de mon parcours éditorial et, surtout, de l'écriture. Un partage autour de la littérature dont je me réjouis d'avance et une belle façon pour moi de démarrer cette année.

    Un grand merci aux bibliothèques de Belfort et de la maison d'arrêt de Belfort, et en particulier à Roseline Schmauch, Jessica Maisonneuve et Céline Stévenot, pour leur accueil.


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  • La rivière dans sa cuirasse d'argent joue à rebrousse-pente sur les cordes du courant.

    Le cormoran claque l'écume.

    Des miroitements.


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    Il m'a montré ; ça se traduit comme ça :

    D'abord, tu attrapes le bout de l'année. Ça ne peut mieux tomber, tu es pile poil dessus. Tu le prends bien en main, tu tires, tu tires. Tu l'accroches autour de ta taille, recules, t'arc-boutes. Quand tu sens que c'est bien tendu, tu lèves un pied, le bon (pour que ça marche), puis l'autre ; tu lâches tout. Et te voilà propulsé ! T'as plus qu'à éviter les murs et les cons. Bonne chance à toi, mon ami !

    — Ouaip ! a-t-il conclu.

     

     


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    Ding dong 
    Clarence a gagné ses ailes
    La neige tombe à Bedford Falls
    Et j'ai une boule d'enfance coincée dans la gorge.

     



    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3e/Guardian_angel_clarence.jpg


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  • Le jour où Janka brandit son poing, il perdit la vue. L'acide s'écoula sur ses paupières, zébra ses cristallins de stries rouges qui dégoulinèrent et encagèrent son visage.
    Il devint alors l'aveugle qui crie. Il arpenta la terre, furieux, en lançant des anathèmes aux étoiles. Quand il franchit son trois cent cinquante deuxième sommet, la Substance se fatigua de ses plaintes. Elle envoya les ménades lui arracher la langue.
    Janka s'assit sur un rocher et tendit sa cavité béante aux harpies qui s'engouffrèrent à l'intérieur. Rongé, il s'aggloméra à la pierre. Son cœur battit trois coups de tonnerre et se fendit en mille éclats de révoltes.

    La 25ème mort de Janka


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