• J'aurai le plaisir de participer au salon "Savoureusement Lire" de Belfort, les 26 et 27 octobre 2019, aux côtés de nombreux auteurs. La manifestation organisée dans le cadre du mois du livre et de la Grande foire aux livres de la cité est toujours un moment privilégié de rencontres et d'échanges autour des livres. Cela se passera comme toutes les années au centre des congrès ATRIA. 

    Salon, le samedi après-midi et le dimanche, toute la journée !

    A Belfort, au salon "Savoureusement Lire", les 26 et 27 octobre 2019A Belfort, au salon "Savoureusement Lire", les 26 et 27 octobre 2019


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  • Tirer du tiroir – ce vaste cercueil de mes mots – des histoires qui bougent encore, les achever d'un trait de désespoir et rire du désastre de tant d'heures dissipées.

    Pffuitt, font les illusions crevées en se dégonflant.

    Dérisoire


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  • Jeanne et Greta

     

    Je sais bien que comparaison n'est pas raison et qu'il faut encore davantage se méfier des comparaisons historiques. Mais bon... avec le film de Bruno Dumont, difficile de ne pas faire le rapprochement, tant il saute aux yeux. Il y a un peu de Jeanne dans Greta Thunberg (et pas mal de ses accusateurs et de leur procès en sorcellerie dans les Bruckner, Onfray, Sarkozy et consorts...).

    Le film de Dumont est âpre et rugueux comme le sont l'innocence et la vérité portées sans concession. Il a la pureté d'une nature brute et la simplicité de l'évidence, à l'image de sa jeune interprète.

     

     

     

     


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  • 80 wagonConvois, 3 locomotives. Quand, dans la cité, le cirque entre en gare, nul besoin d'un porte-voix pour l'annoncer. Barnum arrive avec sa cohorte d'amuseurs. À cinquante kilomètres à la ronde, la nouvelle doit se répandre. Il a rodé son entrée en scène, le vieux Phinéas ; il a appris à marquer les esprits et, de son empreinte XXL, le réseau ferré du pays. Tant et si bien que l'armée de l'Union s'inspirera de son sens de la démesure. Et voilà le greatest showman intronisé expert en logistique et conseiller militaire, bombardé homme canon de l'acheminement de masse pour massacres en grand large sur les champs de bataille.

    Par Buster Keaton — screenshot, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5130070


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    Je suis depuis un moment les exigeantes éditions de La clé à molette, et pas seulement parce qu'elles ont le bon goût d'être montbéliardaises. Exigeantes et passionnantes, comme ses rééditions d’œuvres de Dhôtel et plus récemment de Beucler, ou ses publications plus contemporaines : entre autres, les quêtes littéraires et existentielles (ce qui revient ici au même) de Frédérique Germanaud, territoriales et poétiques d'Alexandre Rolla ou de Jacques Moulin, les romans plus narratifs aussi comme celui de Frédérique Cosnier, inspiré de Cassavates, ou comme Les terminaisons nerveuses d'Eric Duboys, objet de ce petit billet.
    Le livre est paru en 2016. Il y a un temps certain, donc, surtout à une époque où la durée de vie d'un bouquin ne dépasse guère les 6 mois. Mais le roman d'Eric Duboys est du genre à résister au temps, d'autant qu'il restitue celui perdu de nos campagnes. 
    Je sais bien que les références à d'autres écrivains, surtout quand ceux-là traînent dans leur sillage une réputation écrasante, sont peu pertinentes, mais tout de même, quand elles nous taraudent autant à la lecture, l'on ne peut s'empêcher d'y trouver une certaine forme de justesse. Et les raccourcis, aussi superficiels soient-ils, permettent un éclairage bien plus parlant que dix pages d'argumentation. Et là, donc, on y est : c'est Proust chez Faulkner. Proust, non pas tant à cause du "temps perdu" – encore que – que du fait de l'écriture, des longues phrases à enchâssements, arabesques à la précision d'entomologiste cernant son sujet, se refermant sur lui, et de la distanciation (et partant, de l'humour) qu'elles induisent. Alors que le champ d'observation de Proust était la haute société, celui de Duboys est plus terre à terre. Et c'est là qu'on rejoint Faulkner (ou Steinbeck... mais je préfère Faulkner...). Le monde décrit, celui de nos campagnes, il y a quelques années, est brutal et ensauvagé, marqué par l'égoïsme, le patriarcat et, dans ses recoins les plus pauvres et sombres, par la bestialité. C'est qu'en ce temps-là, l'on vivait comme des bêtes. Le narrateur évoque sa famille, nous guide dans une galerie de portraits, figures saisissantes où toutes les tares sont réunies pour composer un tableau d'humanité pourrissante. Le grand-père, le père, Bernard en constituent des repères particulièrement saillants, jalons de la trajectoire d'une famille relatée par l'un de ses rejetons, dont le regard en surplomb, plein d'acuité et sans complaisance, se laisse parfois brouiller par un semblant d'affection (ou de compassion) à l'égard d'un des protagonistes, Antoine, par exemple. Le décalage entre le style policé (civilisé ?) et recherché et le monde fruste, frustré et malade de lui-même, représenté, ajoute à la fascination qu'exerce l'ouvrage sur le lecteur, quitte à instiller chez lui un certain malaise. Car le décalage est tel qu'il aliène – aliénation des personnages réduits à leurs névroses, qui se débattent dans leurs milieu et dont le narrateur entomologiste détaille les dérèglements (nerveux ou pas). Il trahit une mise à distance, un détachement pas loin du mépris, dont on comprend finalement, et ébranlé, qu'il constitue surtout une carapace (vitale) pour le narrateur. Le roman d'Eric Duboys, indéniablement, marque l'esprit.

    Les terminaisons nerveuses, d'Eric Duboys, aux éditions La clé à molette, à commander dans toutes les bonnes librairies.


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  • Fantasmes, etc...Les gens croient ce qui les arrange. Ce qui les conforte dans leur opinion, justifie leurs comportements et leurs décisions et leur permet de dormir, la conscience tranquille, persuadés d’avoir agi pour le mieux. Ainsi des parents qui font des pieds et des mains pour ne surtout pas inscrire leur môme dans le collège du secteur, situé en REP+. D’aucuns se montrent pourtant ouverts et progressistes lorsqu’on discute avec eux, défendent des valeurs humanistes et regrettent, devant leur télé, quand ils constatent les conséquences désastreuses de son insuffisance sur notre société, qu’il n’y ait pas davantage de mixité sociale. Seulement voilà, la mixité, ils l’appellent de leurs vœux mais à condition qu’elle ne les concerne pas, qu’elle ne touche pas leur progéniture qui, pauvre petite chose fragile, pourrait en pâtir, subir de mauvaises influences quand ce ne sont pas des mauvais traitements et qui, plus grave encore, par une contamination dont je peine à percevoir les mécanismes mais qu’ils nomment nivellement par le bas, par le simple côtoiement d’un public cumulant les difficultés et les problèmes, deviendrait à son tour sujet aux retards scolaires (apparemment contagieux), comme si les manques des uns devenaient ceux des autres du seul fait de se fréquenter. Sont-ils invités, ces parents, à participer à cette mixité qu’aussitôt ils se braquent, s’indignent, crient à l’injustice et développent des stratégies de fuite qui les amènent à frapper aux portes des établissements privés, que souvent ils dénigraient auparavant, ou à déployer des trésors d’inventivité pour contourner la carte scolaire et atteindre les établissements publics pas trop indignes de leur mouflet, en majorité fréquentés par leurs semblables, en tout cas relativement préservés de la population des quartiers.
    J’ai croisé, peu avant la rentrée, un parent accompagné de ses enfants. Quand je lui ai dit, suite à sa question, dans quel collège était inscrite ma fille, il s’est montré dubitatif, m’a révélé sur le ton de la confidence, comme s'il le tenait de source sûre (entre gens de bonne compagnie, on joue à se faire peur, on se monte le bourrichon), en guise de prévention, et sans se soucier de la présence de ma petite qui écoutait, que dans l’établissement en question – situé, donc, en REP+ – pendant les récréations, le jeu favori était de taper sur tous ceux, garçons et filles, qui étaient blonds. Je lui ai répondu que mon fils en sortait, de ce collège, qu’il y avait passé quatre années, de la sixième à la troisième, qu’il était blond et qu’il ne s’était jamais fait taper dessus ni même menacer. Le père m’a considéré, surpris, et a tout à coup paru gêné, presque fuyant, pressé de clore la conversation. Je venais de mettre à mal non seulement un préjugé mais surtout un prétexte, derrière lequel il s’abritait pour justifier sa décision d’éviter à ses filles le collège incriminé et de se réfugier dans le privé. Un motif (la protection de ses filles) qui en cachait de beaucoup moins avouables… et qui avait l’avantage de préserver sa bonne conscience, de justifier ses petits arrangements avec ses Valeurs. Il a alors admis qu’il s’agissait sans doute de ragots. Je voyais néanmoins qu’il n’était pas convaincu. C’était plus confortable pour lui de s’agripper à ses idées préconçues, aussi caricaturales, nauséabondes et ridicules fussent-elles, et de continuer à prendre ses fantasmes pour la réalité.


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  • J'ai un mot sur la langue qui durcit à mesure que ceux du dictionnaire glissent entre mes doigts. Il roule dans leur avalanche, ricoche contre mes dents, s'accroche à mes lèvres où il se concrète. Je le crache aussitôt : six lettres sur ma page blanche.

    Encore


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  • Bazouf et Grandvent se concertèrent et s’abattirent sans prévenir sur Janka. Il soufflèrent sur lui comme sur des braises. Janka se comprima. Prostré en brique de charbon, il lutta contre son éparpillement. Il avait vu Dof en cendres, dispersé à travers le désert et la nuit. Il ne tenait pas à subir le même sort. Il se recroquevilla encore sous les assauts des flux tourbillonnaires. Se recroquevilla tant qu’il se condensa en une escarbille, dont l’extrême compacité lui permit d’éviter l’éclatement, dont le poids ne lui permit pas de se soustraire au grand mouvement. Il décolla, en rotation accélérée le long d’une spirale de forte pente, s’éleva au-dessus de la mine, entre les parois du cirque. Roches sillonnées d’échancrures d’où suintait une vapeur visqueuse qui l’éclaboussait de ses jets acides. Il atteignit la crête. Derrière, le plateau criblé de fosses et griffé de dépressions s’étendait à perte de vue. Janka s’éleva encore. Porté par Bazouf et Grandvent, aspiré dans la trame du vortex à la surface duquel il crut reconnaître une parcelle étoilée de Dof. Il s’en échappa, propulsé vers le ciel sous l’effet centrifuge de la colonne de vent. Comète, dont la traîne figea le souvenir.

    La 26ème mort de Janka


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  • Sens-tu la foudre particuler ton épiderme ?

    Grain de chair à bosses
    Joli coup sur ta nuque 
    T'éclabousse l'échine.

    Peau d'orage


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  • La Terre emperlée d'yeux brillants, vers la lune tournés, égrène des battements de cœur sur l'empreinte du premier pas. 
                      En jaillira un chapelet de sauts.
                                                                  Petit homme bondissant. 

    Petit pas


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