• Je m'y remets toujours. J'en ai plein la mémoire de mon ordinateur ; j'en rajoute encore. Des mots en ribambelles. Des histoires qui me font oublier l'absurdité de mon geste : combler le néant.
    Au moins, quand j'écris, j'oublie que ça ne sert à rien. 

    Distraction

    Sisyphe, d’après José de Ribera, musée du Prado — [2], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=53249604


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  • La passionnante revue Harfang, dédiée à la nouvelle, a lu Cordes sensibles et y consacre une page dans son n°58 (mai 2021). Je les remercie vivement (et en particulier son maître d'œuvre Joël Glaziou) pour leur éclairage, leur intérêt et leurs mots.
    Le blog de la revue, c'est ici !

    Je restitue l'article, ici : 

    Cordes sensibles, dans la revue Harfang


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  •  

    On lui a dit que pour attirer l'attention sur son livre, il n'y avait pas mieux que le placement de produit.
    — Ah ?!
    Pas contrariant, Lucien se plante devant son placard, l'ouvre et se demande quel produit pourrait répondre aux attentes. Il hésite entre le flacon de nettoyant pour les vitres et celui pour le sol. Il s'interroge. Ils sont déjà rangés, ses produits, et il ne les trouve pas si mal placés, là où ils sont. Dubitatif, il opte pour le liquide vaisselle, le saisit et va lui chercher une autre place. Il passe devant Max, tergiverse, s'arrête devant le buffet et pose dessus son produit ménager, à côté du vase qu'il n'a pas encore cassé.
    — Ça va, là ?
    — Je te parle de ton livre, soupire Max.
    — Mon livre ?
    — Oui, Les Lucubrations de Lucien ! C'est un produit comme un autre, un produit intellectuel mais un produit.
    — Un produit intellectuel !!!
    Lucien est impressionné. Il se dirige vers ses étagères, considère son œuvre entre sa boule à neige et son manuel sur la fabrication des omelettes, hoche la tête, admiratif. Son livre, il ne le voyait pas comme ça.
    — Ben dis donc : un produit INTELLECTUEL !
    Il se retourne vers Max, lui sourit. Il est assez content de lui. Il trouve que ça sonne pas mal : produit intellectuel et que finalement, si les autres le disent, c'est qu'ils ne sont pas loin de la vérité. Il se rappelle néanmoins le problème du jour et d'éclairage. Il sonde les lieux en quête d'un endroit plus indiqué, peine à détecter un meilleur placement. Sous l'halogène, peut-être… Perplexe, il appelle son pote à l'aide.
    — Tu crois qu'il attirera plus l'attention là que sur l'étagère ?
    Il n'en est pas persuadé. Décide néanmoins de le vérifier. Il pose son livre sous la lampe, recule. Il se détourne, revient dessus, l'air de rien ; ne le remarque pas plus que d'ordinaire.
    — Bof !
    Lucien reprend son livre, le remet sur son étagère. 
    — Faut pas croire tout ce qu'on raconte, dit-il à Max.

    Lucien fait du placement de produit


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  • Ma rencontre avec Fabienne Tabard

    Fabienne Tabard. Fabienne Tabard. Elle déboule de l’escalier. Je la croise dans le hall de l’immeuble. Elle se précipite vers la porte. Je me retourne sur son passage. Dans son sillage, elle laisse un parfum d’irréalité que je hume en songeant à la chance que j’ai. Je grimpe à l’étage, sourire béat, tête dans les étoiles. Fabienne Tabard. Fabienne Tabard. Ma main glisse sur la rampe. Fabienne Tabard. Fabienne Tabard. J’arrive au deuxième palier. L’esprit volatil de Fabienne Tabard hante encore les lieux. Fragrance d’un rêve adolescent. J’ouvre ma porte. Fabienne Tabard. Fabienne Tabard. J’entends Antoine, de l’autre côté de la cloison, qui clame son nom à tue-tête, le répète à l’envi pour se convaincre de son existence, formule magique, dans l’espoir démesuré de la matérialiser, de l’incarner, et qui ce faisant la déréalise. Pure abstraction. Image féminine. Fabienne Tabard. Fabienne Tabard. Je me joins au concert. Scande son nom avec lui. Fabienne Tabard. Fabienne Tabard.
    — Oh, c’est pas un peu fini, ce bordel, hurle le voisin du dessous.


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  • Lucien est sorti

    — Alors ? Ça y est ? Lucien est sorti ?
    Max considère son copain avec bienveillance. Lucien le lui rend bien mais avec perplexité. Il baisse les yeux, regarde son nombril, puis la porte. Lui, et encore la porte. De quel côté se trouve-t-il ? Après un rigoureux état des lieux, il en vient à la conclusion qu'il est à l'intérieur. À moins qu'il ait attrapé le don d'ubiquité. Avec tous les virus qui se baladent en ce moment dans la nature, l'on ne peut jurer de rien. Si ça se trouve, lui aussi se balade dans la nature ! Et il ne s'est même pas prévenu. Il veut en avoir le cœur net, ouvre la porte, vérifie derrière s'il n'y serait pas. Personne. Il la referme, se dirige vers la fenêtre, examine la rue et les alentours, ne s'y repère pas. Il revient vers Max.
    — Bah, non... à moins que je sois déjà trop loin pour le savoir.
    — Quoi ?
    Max est surpris, ne l'est plus quand il se rappelle à qui il s'adresse. Un oubli momentané, vite oublié.
    —  Je parle de ton livre, Lucien, Les Lucubrations de Lucien.
    — Mon livre ?
    Lucien s'étonne encore. Il inspecte son étagère, y trouve ses Lucubrations en bonne place. Se gratte la tête. Son livre a peut-être attrapé le don d'ubiquité, lui aussi, et en a profité pour sortir sans son autorisation. Il se tourne à nouveau vers sa porte, recommence son manège et tour de guet, devant les yeux consternés de son pote.


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  • Ma rencontre avec Géraldine Bureau

    J’ignore pourquoi elle s’est mise à côté de moi. Au moment de l’appel, j’apprends qu’elle s’appelle Géraldine. Géraldine Bureau. Je la plains. Géraldine ! La pauvre. Il y a des parents qui sont cruels.
    Elle s’est installée à côté de moi sans me gratifier du moindre regard ni du moindre mot. J’attendais Nabil. Elle a pris la place avant qu’il se pointe. Nabil m’a interrogé des yeux. Je lui ai fait savoir par un haussement d’épaules et un lever de sourcils que je n’y étais pour rien, que la présence de cette fille, là, était indépendante de ma volonté. Il m’a souri, un air entendu qui n’entendait rien de rien. Et en ricanant, est allé se coller à Xavier. Le lourd.
    Géraldine ne s’est plus jamais assise à côté de moi. Nabil, si !


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  • Les lucubrations de Lucien, aux éditions zonaires

    À l'instar des grands de ce monde, à la mode du beau monde, Lucien joue de la plume et se tire le portrait en lettres et papier. Après s'être cherché en vain derrière son ombre, sous la table, au bord du divan ou sur le net, il a décidé de tourner les pages et de se poser sur les étagères, les tables de nuit ou dans les bibliothèques. En quête de sens, il espère y trouver sa place. Il en préfèrerait une, pas trop serrée et au soleil. Entre de bonnes mains, le plus souvent, pour s'aérer un peu. Il y va de son hygiène de vie.

    Voici donc Lucien en livre ! Le recueil s'intitule Les Lucubrations de Lucien et c'est chez Zonaires, que ça se passe.
    Avec une excellente mise en bouche du texte Lucien se confine par l'auteur Serge Cazenave. Merci à lui pour sa réjouissante interprétation. À écouter sur le site de Zonaires.

    55 lucubrations à découvrir et à commander sur le site de l'éditeur ou dans toutes les bonnes librairies. 


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  • Depuis qu'il fait la couv, Lucien voit la vie en rose... saumon. Il s'est repeint la façade, la silhouette. Et ça déteint, ça se diffuse. Il a l'euphorie communicative. Il faut que ça se sache. 

    Les lucubrations de Lucien, chez Zonaires !

    Lucien voit la vie en rose


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  • Ma rencontre avec Johnny

    Un soir. À Paris. Sur les Champs Élysées. Une salle obscure. Le film s’achève. Fin du Truman Show. Générique. Lumières. Encore sous le charme, moi et G quittons nos places. Retour à la réalité, nous débouchons dans le hall du cinéma. Ma compagne s’absente aux toilettes. Je l’attends. Et tandis que je l’attends, Johnny, accompagné de Laeticia et de deux hommes, arrivent à leur tour. Ils ont laissé le public partir. Ils se retirent les derniers. Tranquilles, à l’abri des regards. Nous les avions repérés, au moment des publicités. Ils s’étaient installés, cinq rangées devant nous. Et puis, tout aux facéties de Jim Carrey, nous les avions oubliés. Face à Carrey, personne ne fait le poids. Même pas Johnny. Donc, ils sortent de la salle. Un peu groggy, un peu ailleurs. Ils atterrissent, récupèrent de leurs émotions. Je ne peux m’empêcher de les observer. Laeticia pose sa main sur le bras de Johnny, trois mots, puis se dirige vers les toilettes. Il patiente avec ses potes. Nous patientons ensemble, pendant que le hall se vide.
    Je l’observe. Des regards à la volée. Je ne peux m’en empêcher. Il me paraît tout frêle sous son perfecto. Le visage creusé, allongé par son bouc. Un visage marqué. Rien à voir avec le bonhomme mastoc que j’avais en tête, avec l’image imposante que la télé nous renvoie. Un type banal ! Comme moi. Mais lui, en plus décati. Comment cet homme peut-il dégager autant d’énergie sur scène ? Je l’observe. Il échange quelques mots avec ses potes. Ils lui ressemblent, ses potes. Mêmes costumes de vieux rebelles : santiags, jeans, blousons noirs. Ils font un peu ringards, avec leur cinquantaine bien tassée. Ils échangent leurs impressions sur le film. Ils ont apprécié. Du moins, je l’imagine. Je l’observe. L’air de rien. Sans insistance. Je ne veux pas me montrer impoli. Il n’y a plus qu’eux et moi dans le hall. Johnny croise mon regard. Il m’a repéré. Il sait que je l’observe. Il sait que je l’ai reconnu. Il est habitué. Peut-être se demande-t-il si je vais l’emmerder, lui réclamer un autographe ? Je m’abstiens. Je ne suis pas du genre envahissant. Plutôt le genre à m’effacer.
    Nous attendons nos femmes. Des circonstances qui nous rapprochent, en cette soirée automnale, qui nous rendent presque complices. Je m’amuse à cette idée. En cet instant, j’attends avec Johnny que nos femmes sortent des toilettes. Et elles finissent par sortir. Quasiment de concert. Elles se dirigent vers nous. Je les considère. Personne ne fait le poids, face à G. L’évidence me saute aux yeux et me remue le ventre. Laeticia, reléguée au rang de figurante, rejoint Johnny. G s’avance vers moi. Je lui prends la main. Sans nous retourner, nous nous en allons. Je sens des regards dans notre dos. Paris est à nous. La nuit est belle.


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  • Depuis le temps qu'il essaie de la tirer à lui, ça devait arriver un jour : Lucien, carrément, fait la couverture. Et pour, il s'est mis en 4... en 2, plutôt ; il ne faut pas trop se disperser et rester modeste.

    Les lucubrations de Lucien, chez Zonaires !

    Lucien fait la couv

     


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