•  Piet Mondrian : L'arbre rouge

    1908/1909 - Huile sur toile
    Musée municipal de La Haye

    "Comme un grand arbre sous ses hardes et ses haillons de l'autre hiver, portant livrée de l'année morte ;
    Comme un grand arbre tressaillant dans ses crécelles de bois mort et ses corolles de terre cuite —
    Très grand arbre mendiant qui a fripé son patrimoine, face brûlée d'amour et de violence où le désir encore va chanter."

    Vents (I-1) - Saint-John Perse

     


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  • Petit arrêt au retable

     

    Rien que pour le plaisir ! Le plaisir d'évoquer ce chef d'oeuvre de l'art rhénan, le fameux polyptyque de Grünewald, exposé au musée Unterlinden, de Colmar.

    Puissance créatrice, expressionnisme échevelé, art consommé de la miniature et maîtrise de la composition. Dans le cadre strict de l'exercice sacramentel, l'artiste laisse libre cours à son imagination débridée. Le détail joint de la Tentation de Saint-Antoine en témoigne, dont l'inspiration ardente et le caractère fantastique ne sont pas sans rappeler les œuvres de Jérôme Bosch. Grünewald partage avec le peintre flamand (son contemporain) un sens narratif foisonnant, une densité dramatique, qui confèrent à leur oeuvre, une modernité indéniable.


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  • De la lumière par les fenêtres

    Pierre Bonnard - La fenêtre ouverte
    1919 - Huile sur toile
    © Virginia Museum of Fine Arts -Richmond  - © ADAGP

    "La fenêtre s'ouvre comme une orange
    Le beau fruit de la lumière"

    Les fenêtres - Apollinaire


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  • Eve et Adam - Fernando Botero

     


    La main sur l'épaule, la main dans le dos, tendresse. Les corps opulents, côte à côte, ensemble. Adam lève son autre main vers la pomme, leur liberté, leur humanité. Le début des ennuis.
    Il y a de la douceur dans cette représentation et de la mélancolie. Une innocence qui n'a rien à voir avec des origines idylliques et mythiques mais tout avec la complicité, l'amour au sein d'un couple.

    — Tu es prête ? On y va ?
    — Oui ! Et toi ? Tu n'as pas peur ? 
    — Non. Je suis avec toi.


    Adam et Eve - Fernando Botero


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  • Tête d'oeuf

     

     

    L’œuvre au noir de l'alchimiste. De l'obscurité naît la lumière. Odilon Redon l'extrait, travaille en négatif la matière noire. Il l'éclabousse de vide et grave dans la nuit les contours d'êtres étranges, des apparitions lumineuses. Oeuf.
    Comme à la sortie d'un cauchemar, la couverture sur le nez, la créature effarée surgit dans le monde. Elle est cernée. Et jette sur son impuissance un regard d'épouvante.
    Cri étouffé dans le coquetier. Bouche cousue. Le danger se précise. Le voyant, crayon gras à la main, burin caché derrière son dos, approche hors-champ, prêt à lancer sur la pierre les monstres qui le hantent ! Nooooonnn... Pitié ! Pas la mouillette !

     

    En prime et à propos de l’œuvre de Redon, lire L'horrible vision de Huysmans, un texte de ses Croquis parisiens.

     

     


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  • Le Victor Hugo de Ousmane SowLe bronze géant se dresse sur le parvis des droits de l'homme, devant l'hôtel de ville de Besançon. La sculpture monumentale représente Victor Hugo en habits de Jean Valjean, consultant sa montre de gousset. Le clin d’œil à la vieille tradition horlogère de la cité est fortuit néanmoins heureux, puisque la sculpture a été commandée non par la commune mais par Médecins du monde, en refus de la misère et de l'exclusion.
    Le sculpteur revendique son admiration pour l'écrivain et leur ressemblance frappe tant que l'on ne peut s'empêcher de songer à un autoportrait de l'artiste. Victor Hugo est représenté à l'âge où il est sûr de son autorité, de son art, de son influence, et une force tranquille (pour reprendre une expression éculée) émane de lui. L'homme convaincu de sa propre grandeur, regarde sa montre. On le sent maître du temps, et quelque peu avare du sien, plus précieux que celui des autres. L'on est surpris en apprenant qu'il est en guenilles, tant le costume qu'il a revêtu rappellerait plutôt celui d'un bourgeois, bourgeois qu'il était, avec sa veste, son gilet, sa chemise et cette montre de gousset, costume que l'on devine alors, conformément aux intentions explicitées, élimé, usé jusqu'à la corde (et la veste, à y regarder de près, semble en effet bien défraîchie) même si ça n'est pas évident... Il faut se rabattre sur les grosses chaussures et l'absence de chapeau pour trouver des signes tangibles de l'indigence exprimée, plus que sur la rugosité et les aspérités de la surface, assez caractéristiques du style de Sow et donc, en l'occurrence, peu significatifs.
    Ainsi, l'on est troublé. L'artiste en guenilles supposées a plutôt des allures de notable ; la posture et la tenue (quoiqu'on en dise) traduisent sa haute position sociale et la conscience qu'il avait de son rang. Et l'on s'étonne que l’œuvre puisse être emblématique d'une réaction contre la pauvreté. Une contradiction et une opposition, qui tiendraient s'il était question d'un autre nanti que Hugo. L'écrivain a en effet vécu dans l'aisance et l'on connaît son goût pour le confort (jusque dans l'exil) ; personne, pourtant, n'a écrit manifeste plus puissant contre la misère. De sorte que l'ambivalence ressentie devant la statue, l'écart entre bourgeoisie et quart-monde, comblé par la figure universelle et compassionnelle du grand homme, procurent à l’œuvre de Sow une force fédératrice, propre à remuer tous les cœurs, et exhortent le passant à davantage de fraternité. L'on se dit alors, sur les pas de Hugo et de Sow : « Hommes et femmes de bonne volonté, de tous pays et de toutes conditions, unissons-nous ! »


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