• Trop d'auteurs, pas assez de lecteurs, et moi et moi et moi, auteur et lecteur. Des pages et des pages échouées dans mon tiroir, dans ma mémoire. Lecteur solitaire de mes mots relégués. Trop rare lecteur de livres imaginés, voués à l'absolue retraite des projets avortés. Et lecteur. Ma bibliothèque est pleine des mots qui sédimentent mes rêves de littérature. Et qui les enlisent dans des espoirs déçus. Parce que je persiste à glisser les miens. Aveuglément, je me dis, pourquoi pas, qu'ils se suffiront à eux-mêmes. L'arrogance de croire qu'ils se suffiront à eux-mêmes, que par la seule puissance de leur évidence ils s'imposeront. L'illusion est coriace.

    Et moi et moi et...


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  • In Retiro

    Invisibles - Jaume Plensa (Palacio de Cristal - Parc du Retiro - Madrid - Fév 2018)

    Dans le palais de cristal
    Les silences invisibles sont suspendus aux chants des oiseaux
    Des rayons muets ricochent contre la verrière.


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  • hallelujah Duduche est revenu il est de retour entier et en pleine forme mon coeur mon coeur ne t'emballe pas fais comme si tu ne savais pas que le Duduche est revenu vous mes mains ne tremblez plus souvenez vous quand je vous pleurais dessus Duduche est revenu dans le fourré est réapparu sur la route en se dandinant m'est passé sous le nez réjouissez-vous Duduche is back il a échappé à la mort les pneus n'auront pas eu sa peau aucun prédateur ne lui aura volé dans les plumes sacré Duduche puisque te v'là sain et sauf à cueillir les graines que les passereaux font tomber des nichoirs et des mangeoires au gré de leurs allées et venues où étais-tu tout ce temps pas là pas là mais t'étais où l'on s'inquiétait dans les parages l'on s'interrogeait z'avez pas vu Duduche oh la la la la la z'avez pas vu Duduche et ça y est je l'ai vu veux-tu venir ici je n'le répèt'rai pas veux-tu venir ici oh il est reparti à fond la caisse quelle santé il n'a rien perdu de sa dextérité une pointe de vitesse à faire pâlir Mathilde qui certes n'a pas les mêmes dispositions il faut le reconnaître malgré la taille de ses mollets et ses baskets de compétition il n'y a pas photo la vie

    p 437 : le retour de Duduche


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  • Tu n'entends plus qu'elle,
    La rumeur du bord du gouffre.

    Tu t'en fous, t'as ta bonne étoile.

    Oreilles bouchées, yeux bandés, sauter à pieds joints ; on verra bien.

    Etoile trompeuse


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  • Un recueil que la mort hante. Où les personnages sont comme des insectes cernés. Pris dans les filets de leur destin. Ou dans les barbelés. C'est selon. Bouffons de la fortune, dirait Roméo. Le Fatum auquel on se heurte et qui emprisonne ses proies. L'absurdité de l'existence, la vanité que c'est de se débattre contre l'inéluctable. D'où le sentiment d'enfermement qui domine, tout le long de la lecture. L'on s'échine à fixer la vie sur une photo, un tableau. L'un ira même jusqu'à inséminer son oeuvre pour la lui insuffler mais la mort est têtue et la vacuité du geste inexorable. C'est toujours une image de la mort qu'on obtient et finalement des gisants qu'on fixe sur pellicule. Ces trois photos seront aussi mystérieuses que la centaine d'autres qui dorment dans le sac de toile. Tous ces sourires sans nom qui peuplent la surface argentique finiront par disparaître aussi bien que les corps qui y ont laissé leur trace. Ce n'est qu'une question de temps (extrait de Faussaire). Et l'on aura beau tenter de les faire revivre ces morts, comme Elisa par le prisme de ses jumelles, c'est peine perdue. Seuls les mots pourront quelque chose et donner le change... Sauver une trace, la  mémoire, un souvenir. Ainsi dans la dernière nouvelle du recueil où l'homme, zombi tant qu'il vivait, trouve à s'incarner et s'anime (au sens premier du terme) à travers son dernier message. Seuls les mots et peut-être aussi les grands-mères, personnages récurrents, un peu sorcières un peu fées, qui offrent un ancrage dans la vie et la possibilité d'une île.
    Tout le recueil est irrigué par ce sens du tragique et c'est ce qui en fait, selon moi, la réussite et la profondeur. Profond et émouvant, comme ce magnifique texte Temps de chien, sans doute mon préféré, qui fait écho à un autre, souvenir d'enfance, où était déjà annoncée la mort du père, mort dont l'ombre plane sur les protagonistes décidément humains, trop humains. 

    Le recueil de nouvelles, Ivresse de la chute, de Joël Hamm est disponible sur le site des éditions Zonaires.


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  •  

    Et d'aucuns pensèrent qu'au pied du mur tombé l'histoire s'était dissoute dans les notes de Rostropovitch et disséminée en pluie de cailloux dans les poches d'enfants gâtés qui les exhiberaient comme des trophées sur leurs étagères.

     

     

    Échantillon de béton provenant du mur de Berlin
    Wikimedia


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